Le pasteur des pasteurs finit sa course: Revue de son livre « Contemplative Pastor »

Evangélisation
Quelque part au milieu de nos discussions, il y’a presque deux mois, un ami, Pasteur Florentin me lanca  » connais-tu Eugene Peterson…? » Je répondis  spontanément  » bien-sûr que je le connais… » puis il  continua à me raconter quelque chose qu’il connait de ce professeur de la Théologie Spirituelle au Régent Collège de Vancouver au Canada, quelque chose dont je me rappelle plus très bien…[Je m’étais en fait laissé emporté par les pensées à propos de la version paraphrasée de la Bible de E. Peterson, le Message (MSG)]. À l’âge de 22, je me délectais pour la première fois, tenant en main le Nouveau Testament paraphrasé par cet érudit poète  et Pasteur presbytérien des U.S.A. La Bible m’a paru très vivante, plus pertinente et moins distante. Ce que d’ailleurs de millions d’autres chrétiens ont expérimenté en lisant Le Message de E.Peterson, depuis sa parution. Le Message a été vendu à 20 millions d’exemplaires,  demeurant jusqu’à maintenant le deuxième titre ayant eu un tel succès dans toute l’histoire de NavPress.
Quelques semaines après notre conversation avec Florentin, E.Peterson est mort. Aujourdhui, exactement un mois plus tard, j’ai voulu écrire quelque chose qui m’a le plus marqué chez lui, au delà de sa version Le Message. Il s’agit de son livre » Contemplative Pastor:  Returning to the Art of Spiritual Direction (  Eerdsman Publishing Company, 1993).
Un livre de 192 pages  réparti en 3 sections importantes :
Section 1: Redéfinitions: Dans cette section, il redéfinit le rôle du Pasteur
Section 2 : Entre les dimanches. Ici il décrit ce que nous devons faire pendant la semaine en tant que pasteurs, ce qu’il appelle le ministère ordinaire.
Section 3 est fait de ses 14 poèmes sur le thème de l’incarnation.
Allons-y brièvement,  section par section pour voir  ce que E.Peterson nous communique dans le livre qui n’est pas très facile à lire, où la poésie et la théologie se rencontrent.
Plus souvent être busy et être pasteur sont connectés et cette association a la  » belle » réputation de l’efficacité et excellente performance. Mais cet érudit de John Hopkins et pasteur de Christ our King à Maryland, ne mâche pas les mots et s’écrie de façon qui nous choque  » Scandale outrageux, affront blasphematoire « (p.17). Quand un pasteur se marie au busyness (une vie très occupée), il est comparable à une femme adultère ou alors au banquier voleur, dénonce, celui que Christianity Today (CT) surnomme le Pasteur des Pasteurs.
Il continue en se demandant deux raisons principales pour lesquelles beaucoup de pasteurs tombent dans le piège d’être busy.
#.1 La vanité : il démasque notre orgueil derrière cette vie très occupée. Avec tous ces horaires chargés, de lourdes demandes, nous cherchons à nous prouver , à nous et aux autres combien importants nous sommes. »
#.2  La deuxième raison est la paresse. Nous laissons aux autres la charge de déterminer notre agenda pastoral, les mêmes personnes qui ne savent même pas en quoi consiste l’oeuvre pastorale. Trois verbes devraient caractériser l’oeuvre pastorale: Prier, Prêcher et Écouter.
Eugene Peterson continue ses redéfinitions et restreint le rôle du pasteur à ces Trois adjectifs :
• Un-busy: le contraire d’être busy car l’oeuvre de la proclamation demande de longues périodes de méditation silencieuse en se dévouant au ministère de la Parole et de la Prière.
• Subversif: Un pasteur livre un combat spirituel et son arme principale est la Vérité. Il doit être immergé dans l’histoire de la Bible, passer un temps considérable dans les Écritures. Eugene encourage à approfondir une théologie narrative.
• Apocalyptique : par ce terme lourd, il veut simplement dire que les pasteurs doivent être des gens qui répètent et insistent sur les réalités du Royaume contre les apparences de ce monde.
La deuxième section du livre s’intitule : Entre les Dimanches et décrivent quel genre de travail un pasteur est sensé faire au milieu de la semaine.
C’ est une occasion rêvée pour Peterson de nous donner des leçons dans le domaine de la direction spirituelle. Il va revenir sur les soins pastoraux en vue de la guérison de l’âme. Ce travail est dirigé par la Bible et formé par la prière.
Notre tâche primordiale consiste à enseigner aux gens comment prier (p.89) mais au lieu de cela nous avons transformé nos églises en centres d’étude et mini-universités où nous occupons le poste de professeur permanent.
Nous ne savons pas comment demeurer attentifs dans la prière pour recevoir le discernement de ce qui se passe au niveau plus profond de ce que nos membres traversent et les aider
à croître dans le Seigneur au travers des relations authentiques et quotidiennes.
Nos prédications de dimanche manquent de pertinence parce que nous ne connaissons pas intimement notre congrégation.
À ce niveau Peterson nous apprend ce qu’il appelle Small Talk ( discussion ordinaire).
Nous cherchons tous à représenter l’Évangile et développer une vie de Foi, mais pour cette fin tout pasteur doit apprendre à être familier avec « l’univers ordinaire. »
Par ce terme il veut nous communiquer le ministère ordinaire de vivre humblement et quotidiennement avec nos membres pas seulement quand il y’ a une crise.
Il réalise avec perspicacité que la grande partie de notre vie n’est pas vécue  à la pointe des problèmes cruciaux. La plupart d’entre nous et pour la plupart du temps, sont engagés dans la routine dans des tâches ordinaires et Small talk (discussion ordinaire) et le language naturel (p.115).
Nous sautons au secours des gens en temps de crise et nous nous engageons émotionnellement mais nous ne savons pas comment vivre relationellement avec eux sur le plan quotidien.
Eugene Peterson nous prescrit alors une attitude que nous devons adopter quand nous nous engageons relationnellemt et quotidiennement avec nos membres, un véritable test de l’humilité pour tout pasteur:
« Sans essayer d’influencer les choses mais juste essayer de faire partie de ce qui se passe et éviter de contrôler ce qui se passe » (p.115)
La dernière section est faite comme on l’a déjà signalé de poèmes.
Eugene Peterson interpelle le pasteur à fréquenter le poète.  Celui qui reçut le doctorat honoraire des Lettres Humaines  de Seattle Pacific University, nous défie tous d’apprendre à bien choisir les mots et s’en servir avec élégance. Après tout c’est ça l’essence de la poésie.
Il nous appelle aussi à travailler fort tout en se reposant fort. Lundi a été pendant plusieurs années son jour de repos et le Lundi du 22 Octobre il alla se reposer auprès de Son Bien-Aimé. Avant sa mort son visage rayonnait de joie et semblait parler aux anges qui venaient l’accueillir. Avant d’être presbytérien il a été élevé dans un milieu pentecôtiste et aux derniers moments de sa vie il parlait en langues… Ses derniers mots furent  » Partons….O Mon…O Mon….visage tout radiant et souriant. » Puis il ferma les paupières.